L’année 2024 a repris là où s’était arrêté 2023 avec une tendance de marchés boursiers vigoureux et axés sur le momentum. Les indices S&P/TSX et S&P 500 ont poursuivi leur ascension respective au premier trimestre. En fait, on pourrait avancer que la tendance des marchés s’est accélérée pendant cette période. Plutôt que la ligne de progression dentelée que vous pourriez être habitué à voir sur un graphique boursier, celle-ci monte en ligne droite.

Lorsqu’on l’examine sur la toile de fond des taux d’intérêt, la vigueur du marché boursier pourrait sonner l’alarme. Les investisseurs s’attendaient à ce que les banques centrales aient commencé à réduire les taux d’intérêt, mais ces baisses ont plutôt été reportées à la deuxième moitié du deuxième trimestre… et peut-être plus tard. L’inflation demeure obstinément élevée, ce qui devrait inquiéter les investisseurs boursiers, mais ceux-ci ont plutôt choisi de voir le verre à moitié plein.

Pourquoi? L’économie américaine reste solide. Les bénéfices des sociétés sont généralement robustes. Et nous pourrions en être aux premières étapes d’une révolution technologique qui pourrait changer le monde d’une façon que nous n’avons pas vue depuis l’introduction des navigateurs Web et du courriel dans les années 1990. Bien sûr, nous parlons de l’intelligence artificielle générative, un mot à la mode qui a alimenté certains des titres les plus spéculatifs du marché boursier; mais surtout, qui a le potentiel de réduire les coûts et d’accroître la productivité pour nous tous. Selon une étude récente, les gains de productivité potentiels à long terme de l’IA atteignaient 28 % dans des domaines comme la recherche et le développement, les ventes et le marketing, le service à la clientèle et les frais administratifs généraux.

Il s’agit de dépenses importantes pour toute société, et les économies réalisées dans ces secteurs se répercutent directement sur le chiffre d’affaires. L’amélioration de la productivité est un facteur déflationniste pouvant contrebalancer les pressions inflationnistes que nous observons dans d’autres secteurs. Toute force susceptible d’accroître les bénéfices des sociétés et de réduire les pressions inflationnistes est explicitement une bonne chose pour les investisseurs boursiers. C’est peut-être en partie ce qui les a incités à acheter des actions, malgré le manque de coopération des banques centrales et la persistance de l’inflation.

La question pour les investisseurs est de faire la distinction entre l’engouement et la réalité. En sommes-nous aux premières étapes d’un boom de la productivité? C’est tout à fait possible, mais comme c’est souvent le cas avec la technologie, les investisseurs achètent d’abord et posent les questions plus tard. À quel moment ces produits et ces profits porteront-ils des fruits? Dans quelle mesure l’avantage concurrentiel de chaque société est-il durable? Nous ne sommes pas prêts à jouer le capital de nos clients sur des « concepts » emballants et des dépenses frénétiques. S’il s’agit vraiment d’une révolution, les avantages se feront sentir dans l’ensemble de l’économie, y compris les sociétés de premier ordre que nous avons tendance à privilégier et qui représenteront un avantage à long terme pour les investisseurs boursiers. Comme toujours, la protection contre les baisses et la préservation du capital restent nos priorités.

L’histoire prendra aussi beaucoup de temps à se concrétiser. Bien que les récents progrès de l’IA soient impressionnants, elle n’en est encore qu’aux premières étapes de son évolution. Il faudra du temps pour faire confiance à la nouvelle technologie et la laisser prendre des décisions cruciales. À l’instar de la révolution Internet qui a touché les marchés financiers dans les années 1990, l’engouement et l’enthousiasme des investisseurs ont tendance à précéder de plusieurs années (voire plus) les répercussions économiques réelles. Pour profiter des changements technologiques, il faut garder à l’esprit les mêmes principes de placement que ceux que nous avons observés à la fin des années 1990 : méfiez-vous des valorisations extrêmes qui paient pour une croissance (potentielle) lointaine. Comme toujours, nous continuons de mettre l’accent sur la sécurité plutôt que sur la spéculation, en gardant à l’esprit les occasions à long terme et la croissance qui sont des conditions préalables à la protection et à la croissance du patrimoine.