Après des années d’injection de liquidités et de valorisations indécentes, les contrecoups se font maintenant sentir. Partout dans le monde, les banques centrales ont amorcé le processus de hausse des taux et d’inversion de la « politique d’assouplissement quantitatif » (impression d’argent) afin de freiner l’inflation galopante. Les titres supposément soulevés par la pandémie comme Peloton et Zoom ont effacé tous leurs gains accumulés pendant la pandémie. Les placements privés sont sur le point de subir d’importantes dépréciations de la valeur de leurs actifs, et les sociétés ayant récemment effectué un PAPE, surnommées « licornes » pour leur potentiel de croissance et de valeur incroyable, se sont révélées être des feux de paille. Puis, bien sûr, il y a la chute du Bitcoin, qui entraîne l’effondrement des fonds de couverture et des prêteurs exposés aux cryptomonnaies.

Depuis le début de l’année, l’indice S&P 500 a reculé de 20 %, les actions technologiques étant les plus malmenées. L’indice S&P/TSX s’est mieux comporté, mais il a tout de même reculé de 10 % au cours de la même période. La vigueur soutenue des actions du secteur de l’énergie a été plus que contrebalancée par le géant canadien de la technologie Shopify, qui souffre d’un lendemain de veille dans la foulée de la pandémie de COVID-19 et qui a dégringolé de 80 % par rapport à son sommet. Les occasions d’affaires de Shopify sont intéressantes. Toutefois, sa valorisation actuelle tient déjà largement compte de ce facteur et ne reflète ni le risque d’exécution ni la concurrence de géants comme Amazon. À l’étranger, les actions internationales ont reculé de 19 %, essentiellement en raison du conflit en cours en Ukraine et des confinements attribuables à la COVID-19 en Chine. Même si nos portefeuilles n’ont pas été épargnés par ce délestage généralisé, ils se sont beaucoup mieux comportés que l’ensemble du marché, car nous avons évité les secteurs en surchauffe du marché en prévision d’un retour éventuel aux données fondamentales.

À court terme, les craintes d’une inflation élevée et d’une hausse des taux d’intérêt feront en sorte que tous les actifs seront vulnérables à de nouvelles ventes massives sur le marché. Nous nous attendons à ce que les ventes continuent d’être concentrées dans des secteurs spéculatifs qui présentent toujours des valorisations excessives. Les enjeux liés aux perturbations de la chaîne d’approvisionnement (conflit en Ukraine, confinements attribuables à la COVID-19 en Chine) persisteront et créeront des problèmes pour l’inflation et l’économie. Le marché semble déjà tenir compte d’un important ralentissement économique, bien qu’il soit difficile d’en déterminer le moment, l’ampleur et la durée. En revanche, la demande refoulée des consommateurs en matière de voyages dans un monde post-COVID compense en partie cette situation, même si les pénuries de main-d’œuvre créent des difficultés pour ce secteur qui a besoin d’une reprise.

Dans une perspective à long terme, nous surveillons les occasions d’acheter des titres de sociétés de grande qualité qui ont fait l’objet de ventes massives en raison de préoccupations à court terme. La « nationalisation » des chaînes d’approvisionnement est un thème durable qui, selon nous, devrait persister, et créera des occasions pour certaines sociétés et certains secteurs d’activité. La prestation de soins de santé et la technologie médicale ont désespérément besoin d’investissements, ce qui se traduira également par des gagnants et des perdants. Fait important, nous positionnons les portefeuilles de façon défensive dans le contexte actuel, tout en repérant des thèmes de croissance à long terme.

Les récessions constituent une partie normale et, malheureusement, importante du cycle économique. Elles permettent de relâcher la pression accumulée avant que les économies ne surchauffent trop. Il est toujours difficile de prévoir quand une récession peut survenir ou se produira. Notre objectif est de nous assurer que le portefeuille est bien positionné pour traverser les périodes difficiles tout en misant sur la croissance à long terme. Investir exige de l’humilité : accepter ce qu’on peut et ne peut pas contrôler. L’anticipation des marchés n’est tout simplement pas une stratégie qui, selon nous, place les investisseurs sur la voie du succès à long terme.

Comme Warren Buffet l’a souvent dit, il ne cherche pas à prévoir le « marché », mais plutôt à trouver des sociétés présentant des perspectives et des valorisations intéressantes. Pour nous, cela signifie qu’il faut investir dans des sociétés disposant de flux de trésorerie fiables dans des secteurs comme les télécommunications, la consommation de base et les soins de santé. Ces types de sociétés ont souvent l’avantage supplémentaire de verser des dividendes, ce qui permet d’atténuer les baisses des cours. Les dividendes sont une composante importante et tangible du rendement total d’un portefeuille, et nous pensons qu’ils le seront encore plus au cours de la prochaine année, car les marchés demeurent aux prises avec des difficultés.

Comme toujours, nous vous remercions de la confiance que vous nous témoignez. Nous vous souhaitons un très bel été et nous serons heureux de répondre à vos questions.