Ceux qui oublient l’histoire sont condamnés à la revivre.

Le marché boursier a terminé l’année 2023 en beauté, l’économie s’étant avérée plus résiliente que ce que la plupart des gens pensaient dans la foulée des hausses des taux d’intérêt. En outre, en fin d’année, les investisseurs ont commencé à anticiper d’importantes baisses des taux en 2024, l’inflation étant retombée par rapport à ses sommets des 40 dernières années. Les valorisations de certaines actions ont encore grimpé en flèche, et les leçons tirées de 2022 et de l’histoire en général ont été mises de côté.

Même si 16 années se sont écoulées depuis la dernière récession (non provoquée par une pandémie), nous croyons qu’il est un peu trop tôt pour que les banques centrales crient victoire.

Bien que les investisseurs aient accueilli favorablement la perspective d’une baisse des taux, ils devraient faire preuve de prudence s’agissant de leurs souhaits. Des réductions musclées des taux d’intérêt pourraient être le signe d’une faiblesse sous-jacente de l’économie qui nuirait aux actions dont ils ont eux-mêmes fait grimper la valeur.

Les excès de 2021 sont de retour. Les actions technologiques ont progressé de plus de 50 % au cours de la dernière année. Les cryptomonnaies se sont en quelque sorte redressées malgré des fraudes importantes et le resserrement de la réglementation gouvernementale. L’intelligence artificielle (IA) est devenue une réalité concrète à la suite de l’annonce d’un partenariat entre Microsoft et ChatGPT. Les esprits se sont immédiatement tournés vers le potentiel (et les dangers) de l’IA. La société Nvidia a été en mesure de tirer parti de cet engouement, étant donné que ses puces sont tout à fait adaptées à la prise en charge de cette technologie. Les grandes sociétés technologiques se sont toutes hâtées pour tenter d’acheter le plus grand nombre possible de ces puces. Une ruée vers l’or s’en est suivie.

Souvenez-vous de ce que l’histoire nous a appris. En 2000, Internet était en plein essor et les perspectives semblaient infinies. Les progrès accomplis depuis 23 ans ne font aucun doute, mais n’ont pas été réalisés du jour au lendemain. La bande passante semblait être le seul frein, de sorte que la valeur des sociétés disposant de la fibre optique a fait un bond astronomique. Malheureusement, les investisseurs de WorldCom et de Nortel se souviendront comment cette ruée vers l’or s’est terminée. La plupart des réseaux de fibre installés avant l’effondrement de 2000 sont restés inexploités pendant des années. De même, l’IA est une révolution qui va s’opérer sur plusieurs années, voire décennies, et non sur des trimestres.

Le manque d’envergure du marché, en particulier aux États-Unis, constitue un autre signal d’alarme. C’est une façon de dire qu’une poignée de titres, soit sept, ont alimenté la plus grande partie des rendements de l’indice S&P 500. À elles seules, ces sept actions ont généré plus de 70 % du rendement de l’indice S&P. Le ratio cours/bénéfice de ces actions est supérieur à 40, par rapport à 22 pour l’indice. Cela reste cher à tous les égards, mais surtout dans un contexte de taux d’intérêt plus élevés. Au Canada, le résultat a été semblable, mais d’une envergure plus modeste, compte tenu de la pondération plus faible de la technologie au sein de l’indice TSX.

Bien que l’optimisme soit un trait caractéristique de tous les investisseurs boursiers, il est important de le tempérer afin de se prémunir contre le risque de baisse. Nous croyons que, dans de nombreux cas, les valorisations actuelles sont difficiles à justifier compte tenu des paramètres fondamentaux des sociétés. Bien que cette situation rappelle en grande partie le boom d’Internet de la fin des années 1990, elle fait également penser au « Nifty Fifty ». Il s’agit d’un groupe d’actions des années 1970 que les investisseurs devaient détenir aveuglément, peu importe leur valorisation. Même si bon nombre de ces sociétés affichaient une croissance rentable, leur ratio C/B était supérieur à 40 en moyenne (ce qui vous semble familier?), et lorsque le marché s’est effondré, elles ont enregistré un rendement nettement inférieur. La valorisation était cruciale! Il a fallu des années à bon nombre de sociétés pour récupérer leur valeur, tandis que d’autres ont cessé d’exister une dizaine ou une vingtaine d’années plus tard.

Ce qui est intéressant à propos de ces leçons tirées de l’histoire, c’est la similarité des contextes actuels et passés. En 2000, la ruée vers l’or et le boom ont été alimentés par Internet. Dans les années 1970, le concept était d’acheter aveuglément un panier d’actions de croissance. Dans les deux cas, les valorisations extrêmes ont entraîné des pertes importantes. De plus, dans les années 1970, l’inflation et la hausse des taux d’intérêt ont joué le rôle de catalyseur pour l’effondrement.

Et maintenant? L’économie a fait preuve de résilience et l’inflation a reculé, mais n’est pas nécessairement contrée. La géopolitique est une préoccupation constante qui pourrait entraîner une instabilité accrue et des perturbations supplémentaires de la chaîne d’approvisionnement. Aux États-Unis, les élections de 2024 seront marquées par une chaude lutte et seront suivies attentivement. Les marchés boursiers, en particulier aux États-Unis, sont onéreux.

La bonne nouvelle, c’est que nous ne détenons pas « le marché boursier ». Nous investissons dans des sociétés. De nombreux secteurs du marché ont été ignorés, car l’élan a de nouveau poussé les investisseurs vers les actifs spéculatifs. Les télécommunications, les biens de consommation de base et les soins de santé, par exemple, génèrent des flux de trésorerie constants et considérables, et les soins de santé en particulier sont abordables selon la plupart des indicateurs.

Il est extrêmement difficile de prévoir les fluctuations à court terme des marchés, comme les dernières années l’ont démontré. Pour constituer des portefeuilles durables qui génèrent des flux de trésorerie et une croissance du capital stables, il faut faire preuve de rigueur, surtout lorsque les actions les plus spéculatives tirent le marché à la hausse. Nous ne sommes pas négociateurs et nous ne croyons pas qu’il soit possible de prévoir systématiquement les fluctuations à court terme des marchés. Notre comité de placement examine minutieusement toutes les sociétés ajoutées à votre portefeuille dans le cadre de la détention de ces titres pour au moins 5 à 10 ans.

Nous sommes très reconnaissants de la confiance que vous nous témoignez et nous avons hâte de travailler avec vous au cours de l’année à venir. Nous vous présentons, à vous et à vos proches, nos meilleurs vœux pour 2024.